© AFP/archives - Ronaldo Schemidt
"L'industrie musicale est un cadavre, mais beaucoup de choses intéressantes peuvent en sortir", estime dans un entretien à l'AFP Peter Gabriel, qui vient de publier un album de reprises conçu comme un "dialogue" entre musiciens.
"Cela me rappelle le début des années 60, quand il n'y avait pas autant de business qu'aujourd'hui. Les gens pouvaient tout essayer", dit-il de sa voix profonde, confortablement installé dans un hôtel parisien, où il reçoit l'AFP en chaussettes.
"Aujourd'hui, les artistes peuvent être dans 10 ou 12 groupes à la fois et avoir des publics différents, sortir un morceau qui dure trois jours ou trois secondes", s'enthousiasme l'Anglais dont le regard bleu perçant est désormais accentué par des cheveux et une barbiche blanche.
Peter Gabriel, qui vient de fêter ses 60 ans, aime être là où on ne l'attend pas. Après avoir quitté Genesis en 1975, il a contribué à populariser la world music, fondé son label et son festival, et été un pionnier dans l'utilisation de la vidéo et des nouvelles technologies, jusqu'à co-fonder en 2000 un des premiers sites de vente de musique en ligne OD2.
Alors que ses admirateurs attendaient depuis la parution de "Up" en 2002 un nouvel album de chansons originales, il vient de publier "Scratch my back", un album de reprises de titres de David Bowie, Radiohead ou Arcade Fire, sans batterie, ni guitare mais avec un orchestre symphonique.
L'idée lui est venue en réaction aux émissions musicales de télé-réalité "qui axent tout sur la performance et non sur ce que j'aime et qui restera : l'écriture", explique le chanteur, qui sera en concert à Paris-Bercy le 22 mars.
Pour prolonger ce projet conçu comme un "dialogue" entre artistes, Peter Gabriel a demandé à chaque musicien dont il reprend un des titres d'interpréter à son tour une de ses chansons.
Chacune de ces versions sera mise en vente sur i-tunes "à chaque pleine lune". Après la reprise disco de "Not one of us" par Stephin Merritt de The Magnetic Fields, devraient bientôt être disponibles une version de "Biko" par Paul Simon, puis de "Come talk to me" par le folkeux Bon Iver.
David Bowie a décliné l'invitation, mais Brian Eno, le co-auteur de "Heroes", a donné son accord, tout comme David Byrne, et Regina Spektor.
Après cette expérience, Peter Gabriel compte enfin travailler à un nouvel album. "Je me dis toujours que ce sera dans quelques mois, mais ça finit par faire de long mois ! Je dois dégager davantage de temps", rit-il.
"Avant, ma vie tournait à 90% autour de la musique. Aujourd'hui, elle est partagée en un tiers pour la musique, un tiers pour la technologie et un tiers pour des projets humanitaires", dit-il. Il s'avoue d'ailleurs "intarissable" sur ces derniers.
Après avoir lancé Witness, qui fournissait des caméras aux défenseurs des droits de l'Homme, le musicien a fondé The Hub "un petit site de partage de vidéos consacré aux droits de l'Homme", sur lequel activistes et témoins peuvent "mettre des vidéos, les contextualiser et les commenter de façon relativement sûre et anonyme pour raconter eux-mêmes ce qui se passe chez eux".
Il est aussi à l'origine de The Elders (Les aînés), un groupe de personnalités mondialement reconnues usant de leur influence pour promouvoir la paix. Créé en 2007 autour de Nelson Mandela, The Elders rassemble Kofi Annan, Jimmy Carter, Desmond Tutu et Mary Robinson.
"Mon rêve serait de mettre en relation les deux : connecter le pouvoir des individus à celui des aînés", sourit-il.
(Lire l'article original de Bénédicte Rey, pour l'AFP, via Les Echos )
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