Europe 1 qui grille la politesse à NRJ, en s’installant sur le podium après des années d’humiliation ; France Inter qui souffre un peu mais tient sa seconde place, avec Stéphane Guillon et Nicolas Demorand en tête de gondole; France Info qui se requinque ; RMC qui continue d’engranger et RTL dont l’audience fait un bond en avant et qui voit son leadership une nouvelle fois conforté: les radios généralistes ont toutes entonné des refrains triomphants ce matin. Au delà des Cocoricos classiques, cette nouvelle vague de sondage marque un vrai tournant dans l’univers de ces stations, dont on doutait du modèle il y a encore peu de temps.
Convaincu qu’Internet aurait raison de ces vieilles maisons, chacun imaginait il y a encore 5 ans ces bastions s’étioler. Après une période de tâtonnement, qui a vu ce média ballotter et s’interroger sur son avenir, on a assisté à la lente construction de grilles de programmes structurées pour l’essentiel autour de l’info.
Et c’est là l’enseignement le plus significatif de cette dernière vague: la confirmation que l’information, légitimée par des marques fortes, constitue un produit d’appel d’une rare efficacité. Trop d’offres, tue l’offre: si cette maxime est valable pour Internet, où l’on assiste déjà à des recompositions cruelles sur fond de carambolages programmés, elle ne s’applique pas, c’est l‘évidence, à des entreprises de presse dont l’ADN est clairement identifié par des publics « addicts », habitués de longue date à écouter telle ou telle station, au motif qu’ils savent ce qu’ils y trouvent.
Certes, Europe 1 ou RTL ne retrouveront jamais leurs scores d’antan, - et comment l’imaginer dans un tel paysage éclaté ?- ,mais leurs niveaux d’audiences actuels, comme le poids et l’influence de leurs contenus, constituent non seulement une performance, mais une bonne surprise. Et un joli pied de nez. Il est en effet assez réjouissant de voir l’ensemble de ces radios prendre à contre-pied tous ceux qui ne juraient plus que par le triomphe des «nouveaux médias», sans savoir ce que l’on met vraiment derrière cette appellation tarte à la crème.
J’abhorre ce terme qui, sous couvert de fausse modernité, recouvre des modes de transport de l’information low-cost et appauvris. On ne fera jamais mieux que l’Equipe, en matière d’information sportive, jamais mieux que Les Echos en matière économique et rien ne remplacera l’incontournable lecture du Monde, à 13 heures, malgré ses faiblesses. C’est ainsi, ces vieilles maisons sont comme les vielles et bonnes boulangeries où le fournil est d’origine et le pain artisanale. Le journalisme est affaire de recettes, d’expériences et de pratiques longuement mûries. Il faut avoir passer un peu de temps dans les studios de l’une de ces belles maisons, (ce que j’ai fait modestement l’an passé à France Inter), pour y mesurer le professionnalisme, la rigueur et l’envie du travail bien fait, qui y règnent. Et l’auditeur qui a de l’oreille ne s’y trompe pas.
Mais qu’en pense le PDG de Radio-France, Jean-Luc Hees ?
«Les contenus priment toujours. Rien ne remplacera le travail de professionnels aguerris. Sur le plan sociétal et démocratique, il est réconfortant de constater que des radios que l’on disait condamnées témoignent d’une telle vitalité. On est loin d’être « foutu ». Montrez-moi aujourd’hui une industrie qui s’adresse à 43 millions de consommateurs! Quel bonheur.
Je suis heureux, dans ce contexte de bonne santé général, des progressions de France Bleu, de France Info et du parcours de France Inter. Même si ces deux dernières stations, pénalisées par trois jours de grève, méritaient bien mieux. Sans cette grève et une vague de sondage très courte, qui n’a porté que sur 37 jours d’études, France Info, je vous l’assure, aurait fait un vrai carton. Rendez-vous en avril, nous en reparlerons…»
Un mot sur Stéphane Guillon : l’incident est clos?
Non. Nous nous sommes parlés et expliqués. Je considère que mon honneur a été atteint et que l’on ne joue pas avec cela. Ce n’est pas le PDG de Radio-France qui parle, mais l’homme. Je ne serai donc pas hostile à des excuses publiques, mais de là ce qu‘il fasse le pas…Tout cela n’a en vérité que peu d’importances, comparé au séisme d’Haïti. Que pèse en effet Stéphane Guillon sur notre échelle de Richter? 0,2%! »
( Lire l'article via L'Express.fr )
Très bonne analyse de Renaud Revel, dont le commentaire va dans le même sens que ce que j'annonçais dans un précédent post sur l'évolution des radios musicales!
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